Last Train, des jeunes ambitieux sur le chemin des grands du rock

2h avant leur show au Botanique, aucun stress ne se lit sur les visages des membres du groupe français Last Train. Le quatuor (trois à l’occasion de notre entrevue) dégage un calme enivrant. Avec 10 ans d’existence et écumant sans cesse les routes depuis 3 ans, ils transmettent pourtant un rock acharné à travers la France et au-delà des frontières. Pour certains, c’est le futur du rock tricolore et les dignes successeurs de Noir Désir. Pour d’autres, une fade copie d’un rock qui se dit malade. Pourtant, armés de leur vingtaine d’années (seulement !), d’un album sorti en avril dernier et de leur propre maison de disque, ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin.

15 minutes. C’est le temps qui nous a été accordé avec Last Train. Il faut dire que le groupe alsacien est très demandé, ils ne feront pas moins de quatre interviews ce soir avant de monter sur la scène de la rotonde. En France, la réputation du groupe est déjà en très bon chemin. En 2016, alors qu’ils s’apprêtaient à sortir leur deuxième EP, Fragile, ils étaient qualifiés de « révélation live de l’année » par l’Huffington Post. En Belgique, leur renommée est encore à faire même s’ils attirent les curieux et fans de rock à l’ancienne.

La tête droite sur les épaules malgré un succès grandissant, Jean-Noël (Chant et guitare) ne cache néanmoins pas son ambition. « Tu pourrais très bien te dire « Putain, je viens jouer à Bruxelles au Botanique, c’est la fête du slip » (…). On pourrait déjà considérer ça comme une fin en soi mais on ne le fait pas, c’est une étape supplémentaire. Et chaque étape est un événement qui est arrivé dans notre carrière. Je ne sais pas si on peut parler de carrière pour l’instant. Mais on considère chaque évènement comme ça, comme une étape supérieure qui va amener d’autres choses. »

Et pour atteindre leurs objectifs, ils ne sont jamais mieux servis que par eux-mêmes. C’est pourquoi ils ont créé leur propre maison de disque (Cold Fame Records) et leur propre agence de booking (Cold Fame Booking). « C’est parti d’une volonté d’indépendance mais aussi de faire les choses pour notre groupe comme nous on les voyait et d’aider des gens. (…) On a créé ça pour produire des clips, des disques, … » Leurs amis de Colt Silvers avec qui ils ont partagé l’affiche pour 9 concerts en Inde, sont affiliés à leur agence de booking tout comme le groupe stoner gantois Wallace Vanborn.

La dualité du chanteur est ce qui nous a surement le plus surpris et impressionné durant cette soirée. En interview, il adopte une voix calme, douce et discrète. Sur scène, c’est comme s’il essayait d’expulser un démon enfoui au fin fond de son corps, au travers de ses cordes vocales. Pour le reste du groupe, c’est la même musique. Le calme et le sourire ont laissé place à une énergie autoritaire et puissante. Pendant 1h30, leur combo guitare-basse-batterie enchaine les morceaux avec une influence certaine de grands noms du rock comme Led Zeppelin et Black Rebel Motorcycle Club. Le rock anglo-saxon est clairement leur fer de lance, au détriment du côté frenchy regretté par de nombreux français. On ne peut donc peut-être pas les qualifier d’héritier de Noir Désir mais ils redorent le rock tricolore qui fait parfois défaut, et ils ont même attiré l’œil d’acteurs internationaux.

Ils ont effectivement eu l’opportunité de faire la première partie de Placebo et de Muse, un exercice que Timothée (basse) qualifie de beau challenge. « C’est tout à fait différent que de jouer, comme on le fait ce soir ou demain, pour un concert où les tickets sont achetés pour nous en headline. Pour une première partie, les gens ne viennent pas forcément pour toi, ils viennent voir un autre concert. T’as un temps imparti, tu dois faire tes preuves, faut tout donner. Que ce soit pour Placebo ou encore Rival Sons, c’est 30 minutes de show, et en 30 minutes, il faut réussir à convaincre. Je disais souvent qu’il fallait faire oublier aux gens qu’ils venaient voir la tête d’affiche. »

Mais après une tournée de plus de trois ans qui touche maintenant à son terme en cette fin d’année 2017, il est temps, selon Antoine (batterie), de tourner leur regard vers l’avenir et pourquoi pas vers un nouvel album pour l’horizon 2018. « On n’a pas vraiment commencé à travailler là-dessus. Pour l’instant, on a juste plein d’idées. (…) Le but de moins tourner en 2018, c’est justement (pour) les poser, y réfléchir et en faire des morceaux. Mais le 2ème album, il est déjà à fond dans nos têtes. »

Article : Arno GOIES
Interview : Renaud VERSTRAETE et Arno GOIES

Photo : Josselin LHOPITALLIER