Passé, présent et futur belge nous emmènent au paradis le temps d’un week-end

L’Eden a accueilli durant deux soirées ce qu’il se faisait (et se fait toujours !) de mieux musicalement en Belgique. Arno et Tjens Matic, Girls In Hawaii et Tamino ont pu démontrer que le pays plat a de la ressource quand il s’agit de faire vibrer un public. Un must qu’a su se permettre la salle de concerts carolo ce 9 et 10 février.

Ce vendredi 9, c’était Arno qui était présent à l’Eden de Charleroi avec son band Tjens Matic. Fusion des deux groupes dont il a été le leader durant les années 70 et 80, ce nouveau projet propose les plus grands morceaux blues de Tjens Couter et les plus grands rocks de TC Matic. De quoi 30 ans plus tard, raviver une irrépressible nostalgie du public. Il est accompagné sur scène de trois musiciens rock, déjà présents sur la dernière tournée d’Arno qui avait notamment fait escale à l’Eden.

Que Pasa, Putain Putain, The Milkcow, … Tous les classiques du début de carrière d’Arno s’enchainent, faisant chanter le public sous le rythme de riffs qui n’ont pas pris une ride. Quand la ligne de basse de « Oh la la la » démarre, la foule se transforme. Le classique belge est ce que tout le monde attendait pour terminer la soirée. Mais qu’on ne s’y méprenne pas. Arno reste la star du show, provoquant l’admiration par la vitalité gardée malgré son âge (69 ans en mai) et suscitant l’euphorie lors de ses discours entre les morceaux.

Pour celui qui n’a jamais pu entendre Arno en concert, Tjens Matic est une bonne synthèse de ce qu’il a apporté musicalement à la Belgique au début de sa carrière, tout en remettant ses sonorités aux gouts du jour grâce à la présence d’un jeune trio aux instruments.

Autre soirée, changement d’ambiance. C’était au tour de Girls In Hawaii de se rendre dans le temple carolo de la culture. Mais c’est d’abord une première partie de choix que nous proposait le groupe, ce samedi 10 février, en emmenant avec eux Tamino. Pour beaucoup, c’était la révélation de l’année en Belgique, il a d’ailleurs remporté l’édition 2017 du concours « De Nieuwe Lichting » de Studio Brussel. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à le surnommer le Jeff Buckley belge. Beaucoup de critiques dithyrambiques à son sujet qui plaçaient de lourdes attentes quant à sa venue.

Et on peut dire que le job a été fait. Il ne faut pas longtemps pour faire taire les sceptiques ne connaissant pas Tamino. Sa voix, tel un ascenseur émotionnel, passe des sombres graves aux aigus exaltants dès le premier morceau. Les quelques murmures s’éteignent laissant place à un silence religieux. Seul sur scène, guitare à la main, il emporte un public essentiellement présent pour Girls In Hawaii. Il se permet même de jouer de nouveaux morceaux, non présents sur son unique EP. Cerise sur le gâteau, il termine par son single « Habibi » qui suffit à lui apporter une ovation complète de la salle. On peut être sûr qu’il se souviendra de son voyage en terre carolo.

Après un apéritif pareil, le plat de résistance ne peut être que meilleur. Girls In Hawaii venait présenter « Nocturne » dans un Eden plein à craquer et sold-out depuis des mois. Ce dernier album qui avait d’abord surpris plus d’un par ses accents pop non dissimulés, a su finalement faire l’unanimité chez les fans du groupe, démontrant une nouvelle fois leur qualité de composition.

Girls In Hawaii avait encore sorti le grand jeu pour cette nouvelle tournée. Show lumineux et visuel, tout était là pour faire de ce concert, une expérience unique. Les mots manquent pour décrire l’ensemble des émotions par lesquelles le groupe nous transporte. Certaines musiques, à l’accent nostalgique, nous envoient hors du concert et nous ramènent à nos souvenirs oubliés. Mais chacun a sa propre sensibilité. Certains s’emporteront sur la senteur du printemps que procure « Found In The Ground », d’autres sur la froideur enneigée de « Misses » ou de « Not Dead ». Les nouveaux adhérents à la musique de GIH seront peut-être plus réceptifs aux synthés pop de « Guinea Pig » ou de « Walk ».

Pour ceux qui hésitent encore, il est difficile de ne pas céder à toute la poésie dont Girls In Hawaii a fait preuve durant son œuvre. Leur concert est une expérience sensorielle qui vous emmènera dans les profondeurs personnelles de vos sentiments.

Article : Arno GOIES