De la pénombre du jour à la nuit éclatante : Son Lux triomphal sur leur nouvel album

Agréable et déstabilisant. Ce nouvel album du groupe Son Lux nous emporte dans un univers à la fois terriblement angoissant et pourtant irrémédiablement apaisant. Ryan Lott et ses deux comparses, les talentueux Ian Chang et Rafiq Bhatia, repoussent une nouvelle fois les frontières du possible et se délient des conventions pour proposer un disque qui se révèle être bouleversant.

Ils ne nous ont jamais vraiment quittés. Depuis la sortie de Bones en 2015, le groupe n’a cessé d’expérimenter et de se projeter vers l’avenir. Dernière sortie en date ? Leur EP Remedy (sorti en mai 2017) qui proposait des morceaux engagés et lourds de sens. Ceux-ci canalisaient la colère et l’incertitude ressenties par les musiciens à la suite de l’élection présidentielle américaine.

Ce nouvel album, Brighter Wounds, poursuit cette même lancée. Très personnel, l’album évoque l’incertitude croissante face à un futur qu’il nous appartient de construire. Ryan Lott dépeint ici un monde de prime abord angoissant et pourtant plein d’espoir. Durant la création de ce cinquième album, la vie a donné à Ryan Lott la chance de devenir père et lui a arraché un ami proche, emporté par le cancer. Les jours des premières fois furent aussi ceux des dernières. Les chansons de cet album évoquent un passé qui s’efface petit à petit pour laisser place à un mélange d’anxiété et d’espoir quant à l’avenir qui se dessine pour les générations futures.

« I had wanted a better world for you. If I can’t bear to see it through, will you? »  clame le chanteur à la voix sensible dans le morceau d’ouverture Forty Screams. Avec un lyrisme poétique, le chanteur pose ses mots avec justesse sur des situations délicates.

     Slowly, pièce maîtresse de ce nouvel album

Les chimistes de Son Lux ont su élaborer un univers contrasté qui nous plonge dans un état second entre jour sombre et nuit aveuglante de clarté. « Out of the dark day into the brighter night » entonne le compositeur de Los Angeles. Les ingrédients de ce subtil mélange ? Des mélodies expressives, des textures uniques, des arrangements dynamiques, le tout porté par les beats orchestrés d’une main de maître par Ian Chang. Véritable métronome, ce batteur atypique regorge d’inventivité et propose une palette rythmique désarçonnante. Du beat déstructuré de The Fool You Need, au groove structurant le morceau Slowly, en passant par l’apothéose polyrythmique qui vient clore Surrounded, Ian Chang laisse la trace indélébile de son talent sur chacun des dix morceaux qui composent cet album.

Ce nouveau disque fait la part belle à la versatilité des compositions. Les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas : le virevoltant Dream State laisse place au subtil Labor, qui ravira les amateurs des licks savoureux du guitariste relativement discret sur cet opus, Rafiq Bhatia. Les flots tranquilles du morceau Aquatic nous entraînent dans le final tempétueux de Surrounded. Avec une dynamique maîtrisée, le groupe américain joue avec les contrastes et construit un récit aux multiples péripéties.

Véritable groupe sans genre, Son Lux réinvente une nouvelle fois leur vision de la musique contemporaine. Avec Brighter Wounds, le groupe signe un voyage personnel, émotionnellement intense, dont on ne peut ressortir indifférent.

Le nouvel album de Son Lux, Brighter Wounds paraîtra sur le label City Slang Records, le 9 Février prochain.
Son Lux sera en concert à Bruxelles le 17/02/18 à l’AB.

Article : Renaud VERSTRAETE