Thee Oh Sees, du garage rock psychédélique qui vous donne des ailes

Le monde du garage rock est sans doute une des facettes du rock les plus étranges avec des groupes souvent méconnus et une production qui reste de manière générale (et voulue) assez sobre. Or ces dernières années, de plus en plus de groupes ou de personnalités connues de cette scène ont tenté une approche avec le psychédélisme (Fuzz de Ty Segall par exemple) qui se sont révélés plus qu’intéressante. Et c’est d’un de ces groupes dont nous allons parler maintenant, j’ai nommé, une des formations californiennes les plus méritantes de la scène garage rock psychédélique de ces dernières années, Thee Oh Sees !

Le lancement de Thee Oh Sees s’est fait en 1997 mais il n’est alors que composé de son frontman de toujours, John Dwyer, et porte un autre nom, à savoir Orinoka Crash Suite. John Dwyer considère alors ce nouveau projet uniquement comme un à côté, vu qu’il est vocaliste principal dans trois autres groupes. Durant cette période, deux albums sortent, qui font office de sorte de prototype. Aucune des chansons présente dans ces deux disques ne portera de titres. Il faudra attendre 2006 avant que le groupe ne commence à vraiment produire avec la sortie de « The Cool Death of Island Raiders » en 2006.

Et comme une bombe dont le dispositif de mise à feu aurait pris neuf ans à s’enclancher, Thee Oh Sees explose et entre dans une période de créativité incessante et toujours constante jusqu’à ce jour. Depuis 2006, la formation aura relâché 16 albums dans la nature, dont le dernier Orc, qui est particulièrement bon. Nous en dirons d’ailleurs deux trois mots vers la fin de cet article, avant tout je vous propose d’écouter « Jettisoned » du dit albulm, sorti l’année passée.

Dwyer explique cette formidable énergie créatrice par ces mots : « On travaille dur. J’imagine que ça peut sembler bizarre de sortir autant d’albums parce qu’il y a une tradition dans l’industrie de la musique de faire les choses d’une certaine manière et ce n’est pas forcément celle-là. On fait juste ce qu’on veut. La plupart de nos chansons ont déjà été travaillé avant d’entrer en studio donc on les enregistre toutes en deux jours. Les deux autres jours sont là pour s’amuser et composer ce qui nous passe par la tête. »

La formation de Thee Oh Sees, elle, n’aura jamais été constante, à part pour John Dwyer, le chanteur et guitariste. Comptant les membres d’aujourd’hui, 13 musiciens se sont succédé et le groupe aura changé 7 fois de nom (son nom actuel étant Oh Sees). La bande est actuellement composé de Dwyer (au chant et à la guitare), de Tim Hellman (à la basse), Dan Rincon et Paul Quattrone, tous deux à la batterie, ce qui fait des Oh Sees une rareté dans le monde du rock.

Le son de Thee Oh Sees est particulier. On retrouve clairement une structure et des fondation garage rock qui s’entendent surtout dans des riffs secs et sur le rythme. Autour de cela dégouline selon les albums du psychédélisme d’un peu partout. On se retrouvera soit face à quelque chose de profondément garage, rock et plus « pur » dans ce sens-là (Carrion Crawler/The Dream) ou alors face à des albums plus envolés avec certains éléments de pop (Orc). Ecoutons justement un des morceaux de cet album plus brut qu’est Carrion Crawler avec la chanson Contraption, Soul Desert.

Parlons de leur dernier album d’ailleurs ! Et bien assez étrangement, ce serait celui que je vous conseillerai d’écouter en premier. C’est sans aucun doute un de leurs plus riche musicalement parlant. On commence le trip hallucinogène doublé d’une bonne dose d’amphétamine avec «The  Static God », un morceau hybride qui commence avec des riffs violents digne d’un bon garage/punk pour alterner avec des moments de pur relâchement et d’amusement qui frôle une pop décomplexé. «Nite Expo» et «Animated Violence » doivent s’écouter ensemble, l’un à la suite de l’autre. Le premier est un préquel étrange, à la fois lourd et sautillant vers le fantastique « Animated Violence », dont la première moitié est un entraînant chant de guerre, où Dwyer grogne son texte comme un animal enragé. Vers la seconde moitié, le morceau se calme pour atteindre un rythme bien plus groovy et psychédélique. Un autre morceau à l’image de l’album, dont le maître mot semble être le changement soudain (totalement en phase avec l’histoire de Oh Sees). S’ensuit Keys to the Castle qui a première vue semble être un morceau classique du groupe mais qui change complètement de direction à partir de 2min en sortant les violons et prenant son temps pour les 6min qu’il reste à la chanson. A croire que l’on a affaire à des poupées russes et que chaque chanson en renferme une autre. «Jettisoned » est sans doute l’un des morceaux les plus pop de cet album, histoire de ne pas remonter trop violement après le précédant et très calme morceaux. Ce qui ne l’empêche absolument pas d’être mauvais, c’est même un des meilleurs morceaux de « Orc ». D’ailleurs je ne m’épancherai pas plus sur le reste de cet album, histoire de vous laisser découvrir cet onirique et violente œuvre. Je pense que vous l’avez compris, écoutez-le, c’est fortement recommandé !

Petit rappel de fin : Thee Oh Sees sera présent à Dour le dimanche à la Caverne. Ils ont la réputation de dégager une énergie inouïe sur scène et d’être un must-see absolu. Une bonne raison de plus pour craquer et acheter votre ticket pour Dour, qu’on puisse aller tous ensemble pogoter devant ces fous furieux du garage rock !

Article : Alexandre CHRISTOFFEL