Le festival jazz de Megève accueille depuis 2016 la crème des artistes jazz. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ce village de Haute Savoie connait un engouement particulier pour ce style musical. Dans les années 50, les grands Sidney Bechet, Claude Bolling ou encore Maxime Saury passent par les rues pavées de Megève pour se produire dans certains clubs privés. L’un des plus mythiques, Les Cinq Rues, est d’ailleurs toujours en activité. C’est dans cet esprit que Catherine Jullien-Brèches, maire de la ville, a créé le festival. Depuis, Marcus Miller, Selah Sue, Gregory Porter ou encore Norah Jones ont envahi la vallée de leurs sonorités. Et c’est cette dernière qui clôturait, le 1 avril, la troisième édition.
Norah Jones a toujours eu une grande place dans mon cœur. Je peux la considérer comme étant ma porte d’entrée dans ce monde vaste qu’est le jazz. Certes, plusieurs me le diront, la musique de Norah n’est pas cantonnée à ce style. La quadra américaine a su au fil de ses albums passer du jazz au rock tout en offrant certaines sonorités plus folks. Raflant cinq Grammy Awards en 2003 et trois en 2005, Norah Jones se fait connaitre dans le monde entier notamment grâce à des morceaux comme Sunrise ou encore Don’t Know Why. Les collaborations sont aussi au rendez-vous, elle sort en 2010 un album intitulé « … Featuring » qui comme son nom l’indique, est composé de titres nés de collaborations. On y retrouve Ray Charles, la bande à Dave Grohl ou encore le groupe Hip-Hop Outkast. Le chanteur de Green Day, Billie Joe Armstrong, accompagne quant à lui la jolie Norah sur leur album commun « Foreverly ». Trois ans plus tard, Norah Jones revient complètement dans le Jazz avec son dernier album « Day Breaks » dont est tiré le fabuleux Carry On.
Il aura donc fallu, après quatre années de recherche de places de concert, un voyage aux sports d’hiver pour que je puisse assister à ce moment magique dans le palais des sports de Megève. (Rewind) En chemin vers notre chalet, une affiche avec ce visage attire mon attention. Directement je m’informe sur la date de cet évènement et découvre avec surprise que la jazz girl joue le 1er avril (j’ai remarqué l’affiche le 31 mars). Le roaming facilitant les choses, je me rends sur le site web du festival afin d’acheter mes places. Mais ma joie s’affaisse quand je remarque le « Sold out » en rouge. Quelque peu désespéré, je tente ma dernière chance en visitant l’évènement sur Facebook, je scroll vers le bas dans les publications… Mes yeux retrouvent leur pétillant, une place est mise en vente. Me voilà donc aux portes du palais, mon billet en main, excité comme un gamin le jour de noël.
Aux côtés d’un public plus âgé et bourgeois qu’à mon habitude (Megève étant bien connue pour cette dernière caractéristique), je me faufile entre ces gens sirotant leur champagne. Je m’assieds dans les gradins et attends l’arrivée de la reine de la soirée. Les lumières s’éteignent, le public applaudit, Norah vient de s’installer au piano, accompagnée de Chris Thomas à la basse/contrebasse et Brian Blade à la batterie. Les premières notes de Cold Cold Heart retentissent, le sourire s’installe sur mes lèvres, la soirée sera excellente. La non-présence de guitares et autres habitués de scène rend la prestation plus intimiste. Les classiques sont repris dans un style jazz tout aussi plaisant à écouter. Le trio nous offre même une reprise magnifique du bien connu Don’t Go to Strangers d’Etta Jones (malheureusement non disponible sur Youtube, petite occasion de redécouvrir l’original).
Il est des concerts qui certes vous font bouger, chanter, mais juste une poignée vous font éprouver cette sensation. Certains parleront de fourmis dans le ventre, pour moi c’est dans le cœur que ça se passe. Cette sensation quand vous tombez sous le charme d’une jeune demoiselle et que l’amour inonde votre intérieur. Il fut trois concerts où quelques larmes coulèrent et où je redécouvris cette sensation, ces sentiments. Merci Amos Lee, Tedeschi Trucks Band et enfin Norah Jones de façonner mon amour musical et de laisser vos voix, notes, et rythmes se loger dans un recoin de mon cœur.
Article : Antoine LARSILLE