BRNSRPPRS, la fusion enchanteresse et éphémère de BRNS et Ropoporose

À soirée singulière, ambiance exceptionnelle. Pour l’occasion d’un événement particulier de ces Nuits, le musée du Botanique s’est transformé en ring de la musique. La cause ? La collaboration des Belges de BRNS et des Français de Ropoporose pour un tout nouveau set unique ce 28 avril. Et il faut dire que la soirée fut mémorable. Retour sur cet événement à marquer d’une pierre blanche pour ces Nuits 2018.

Trois sets de 40 minutes, deux groupes, une soirée, c’est ce qui avait été annoncé pour cette collaboration unique entre BRNS et Ropoporose. Après 12 jours de composition intense, ce nouveau groupe hybride était prêt à faire découvrir le fruit de son travail. Mais avant de pouvoir entendre ce résultat, chacun des deux groupes avait l’occasion de jouer avec son line-up respectif. Dans le musée du Botanique, renommé « grand salon de la musique » pour les Nuits, un rond central est installé et entouré de sofas et de chaises. Surplombé de gradins, le tout donne un décor assez unique, laissant augurer un showcase exclusif et plein de surprises.

Et la première de la soirée venait du premier set signé par Ropoporose. Le duo Vendômois, encore assez méconnu chez nous, avait la lourde tâche de débuter la soirée dans cette ambiance toute particulière. Et malgré quelques problèmes techniques, coupant par moments le rythme du concert, il était difficile de ne pas tomber sous le charme de ce duo atypique. La voix quasi enfantine de Pauline enveloppe à merveille les riffs dissonants de sa guitare alors que la technicité rythmique des percussions de son frère Romain, rendait le tout dynamique et puissant. La communication avec le public est simple et sincère, euphorisante en semblant parfois maladroite mais c’est ce qui fait que Ropoporose est tout sauf l’archétype surexploité du musicien lambda.

Pour BRNS, plus rien n’est à prouver. Leur dernier album « Sugar High » est une pépite tant dans la composition, que dans le travail des sonorités toujours plus sombres (ils viennent d’ailleurs d’être élus lauréats dans la catégorie pop /rock pour les Octaves de la musique 2018). Et sur scène, ça se ressent. Le public est immédiatement conquis par l’aisance et la puissance scénique du groupe. Le groupe bruxellois expérimente une indie-rock à la rythmique décadente et cadencée et les multi-instrumentalistes s’en donnent à cœur joie, n‘hésitant parfois pas à jouer une musique plus directe. Le tout prend une propension tellement gigantesque en live qui rend encore une fois leur univers inclassable. La surprise du set fut la venue de César Laloux, ancien membre du groupe, venu interpréter la chanson The Missing présente sur leur dernier album et en partie composée par ses soins.

Au moment du clou du spectacle, les questions demeurent… Comment va se dérouler cette collaboration ? Après deux sets renversants mais tout du moins différents, on est en droit de se demander comment vont se compléter ces deux univers et ces deux manières de composer. Mais ce qu’on peut dire, c’est que l’alchimie a pris. Ce qu’avait pu dévoiler le morceau Woe, premier extrait dévoilé quelques jours avant par « Bruxelles ma belle » s’est confirmé, ce groupe hybride a tout pour faire trembler son public. Dans le grand salon de la musique, la scène est disposée tel un ring, les musiciens se faisant face. Pourtant, on est loin de l’affrontement, on est plutôt proche de la fusion. On ressent le talent de composition de BRNS mêlé à l’immédiateté et le non-besoin de tergiverser des Ropoporose. La dissonance cadencée des deux est bien présente (même amplifiée par la présence de deux batteries), dévoilant une alchimie réussie qui ne manque que d’un nom plus clair pour faire parler d’elle (BRNSRPPRS, c’est un peu compliqué, il faut l’avouer).

Ils attendaient de voir la réponse du public pour connaître la suite de cette collaboration, elle ne présage donc que du bon. Un album ne serait pas prévu mais cette soirée laisse rêveur. On peut déjà espérer des dates supplémentaires, s’ajoutant à celle des Rockomotives de Vendôme.

Article : Arno GOIES