Nuit Botanique : clap deuxième. Changement de salle, changement d’univers. Après le voyage vers l’inconnu avec la création 5 étoiles de BRNS et Roporose, nous retrouvons la chaleur de la rotonde pour une soirée électro-pop. Eclectisme est donc assurément le maître mot de cette édition 2018 des Nuits Botanique, dont l’affiche ravira les mélomanes en tout genre. Tout comme le feront les groupes Pale Grey et Porches.
« On est Pale Grey et on vient de Liège ».
Ce sont les liégeois de Pale Grey qui avaient la tâche d’ouvrir cette soirée aux claviers lancinants. Véritable révélation dans la sphère pop belge, les quatre musiciens présentent leur dernier album Waves, paru en octobre dernier. Fruit d’un long travail de composition, cet album propose une palette d’ambiances différentes qui emporteront l’auditeur dans des contrées lointaines et pourtant familières. On ne peut s’empêcher d’essayer de raccrocher la musique de Pale Grey à certaines influences. Certains y verront une petite touche de Girls In Hawaii, d’autres penseront aux anglais d’Alt-J. Pourtant, Pale Grey propose un univers singulier et résolument moderne. Ces 4 musiciens embrassent le 21ème siècle et offrent une musique qui fait émerger en nous les souvenirs mélancoliques d’un passé heureux.
Sur scène, le groupe transpose l’univers développé dans Waves, qui prend alors toute son ampleur. Les nappes sonores des claviers enveloppe la Rotonde qui restera suspendue durant les quelques 40 minutes de set. Au menu du jour, une ambiance planante, voire puissante par moment. La voix du chanteur (et bassiste !) Gilles Dewalque, est impressionnante tant il passe d’un registre à l’autre avec une aisance déconcertante. La voix chaude et grave du morceau Ghost laisse place à une voix haut perchée sur certains morceaux. Moment fort du concert, Blizzard et son intro rythmée par les percussions et autres shakers. Ce groove impressionnant et l’usage de la cloche n’est pas sans rappeler certains morceaux du groupe BRNS. Le morceau de clôture Late Night résolument d’influence hip-hop électrisera la foule et laissera le publique de la rotonde rêveur. Pale Grey aura définitivement su chasser la grisaille du ciel bruxellois, orageux ce soir-là.
Dark Synth-Pop vibes
Après ce vent de fraîcheur, le public accueille Porches, le projet du chanteur new-yorkais Aaron Maine. Fort d’un troisième album sorti en Janvier 2018, le chanteur terminait sa tournée européenne avec une dernière date à Bruxelles. Le compositeur américain était d’ailleurs sous le charme des Nuits « It’s the best place here ! It’s the only place I’ve been in Brussels but it is the best ».
Aaron Maine est un personnage atypique (boucles d’oreilles, ongles vernis, tout de noir vêtu). Son univers ne l’est pas moins. Il offre une musique électronique très dansante. A la fois mélancoliques et heureuses, ses compositions sont difficile à cerner. La synth-pop de Porches nous laisse un sentiment d’étrangeté, déstabilisant face à ce mélange peu orthodoxe. Avec Porches, on ne sait jamais exactement où se situer, les morceaux étant à la fois terriblement joyeux et pourtant irrémédiablement mélancoliques. Aaron Maine et sa bande nous emmènent tout droit sur les plages californienne au son d’un groove funky et de claviers aux sonorités kitsch assumées.
Malheureusement, on regrette une certaine monotonie dans le set d’une heure proposé par Porches. Un set qui ne réussit à faire décoller l’audience qu’à de rares moments. On aurait aimé une plus grande diversité dans les compositions et les sonorités utilisées. Les moments forts du concert restent sans aucun doute les passage plus aérés et les morceaux plus évasifs qui mettent pleinement en évidence la voix sincère et touchante d’Aaron Maine (comme sur le morceau By My Side ). On regrette ne pas avoir eu droit à une performance plus intimiste, plus à même de dévoiler entièrement le talent du jeune homme.
Article : Renaud VERSTRAETE