Nuits 2018 du Botanique, clap de fin pour Overdrive. Le 9 mai était notre dernière soirée de couverture du festival, et dire qu’on était impatient de le voir venir est un euphémisme. Un gros coup de cœur de cette édition des Nuits est sans aucun doute Hippocampe Fou. Pour la sortie de son troisième album, il a enflammé la Rotonde!
Sébastien Gonzalez, dit Hippocampe Fou, ou Hippo pour les intimes, se produit en solo depuis 2010, après 3 ans passés aux côtés de la Secte Phonétik. Véritable conteur des temps modernes, il possède un univers singulier. À grand renfort de délicieuses figures de style, Hippo mélange habilement des thématiques réalistes et des sujets plus fantasques, avec une esthétique toujours fournie et léchée. Le résultat est à chaque fois puissant, émouvant ou drôle.
Hippocampe Fou – Freestyle Céleste (Live)
Un concert explosif
Mercredi 9 mai, l’hippocampe rejoint Bruxelles pour 1h15 de concert dans la Rotonde. Relativement modeste, la salle prend après seulement 10 minutes des allures d’arène, avec ses gradins surplombants le parterre déchaîné. Les connaisseurs sont en extase, chaque punchline est scandée avec passion.
Et on aimerait écouter le rappeur pendant encore de longues minutes, pour qu’il puisse déployer tout son arsenal de rimes, d’images, et d’instrus. Rares sont les artistes qui peuvent proposer une heure et quinze minutes aussi concentrées et explosives, surtout compte tenu de la discographie d’Hippocampe Fou, entraînante certes, mais aussi souvent posée, parfois presque planante, et ce mercredi complètement transformée par l’énergie folle du rappeur.
Accompagné de son acolyte Céo, qui reste à ses côtés depuis déjà plus de 6 ans, il a dirigé de main de maître cette soirée. Hippo est un artiste accompli, qui peut accoucher d’albums de très bonne facture, et les interpréter lors de shows endiablés.
Hippocampe Fou – Las Estrellas (Céleste)
Terminus, tout le monde se creuse un trou
Hippo a présenté lors de ce dernier concert son nouvel album, Terminus.
Ce troisième album du rappeur parisien se défait des esthétiques respectivement aquatique et céleste des deux précédents, pour partir sous-terre et se creuser un terrier. Le cycle se finit donc, et les thématiques passent de la recherche de l’extase et de l’évasion proposée par le précédent album, Céleste, à la contemplation de son propre terrier, véritable introspection sur sa famille, sa vie et ce qu’il a accompli.
Le résultat, en studio, est d’une grande maturité. Le projet est très bien équilibré, toujours aussi bien écrit, et il propose des instrus qui lorgnent avec beaucoup d’inventivité vers le jazz, avec l’arrivée de quelques saxophones, contrebasses, et pianos. L’héritage colombien de son père, lui-même guitariste et compositeur, se fait même ressentir de temps à autre.
En live, cet album permet à Hippo de proposer des moments très intenses, où il se met à nu, pour un résultat admirable, qui restera en mémoire pour tous ses fans.
Il ne reste plus maintenant au public belge qu’à souhaiter toujours plus de renommée et de reconnaissance critique pour Hippocampe Fou, afin de le voir plus souvent dans nos plates contrées.
Hippocampe Fou – Underground (Terminus)