Une nuit au Marni #3 Laurent Blondiau – Gábor Gadó : Une expérience libre et déboussolante

Le mois de septembre n’a pour beaucoup de gens que peu d’attrait. Il a le don de sembler si morne et peu enthousiasmant, avec ses rentrées scolaires et politiques. Mais sous cette météo qui se cherche, à quelques jours des rentrées universitaires, et après avoir laissé aux bruxellois le temps se remettre des festivals d’été, le Théâtre Marni a soigneusement préparé la rentrée culturelle, et a repris ses activités sous le signe de la trompette!
Et malgré le fait que le fameux cuivre guide ce festival, les styles restent variés. D’après Joëlle Kepenne, directrice du Théâtre Marni, « le mélange des genres gomme les préjugés au sujet de cette musique souvent mal connue » .
Justement, notre troisième nuit au Marni (la quatrième du festival) aura eu le mérite de proposer une expérience musicale d’une diversité et d’une richesse folle, très différente de ce que nous avions pu écouter jusque là.

Une carte blanche en poche, Laurent Blondiau (trompettiste belge) et Gábor Gadó (guitariste hongrois) ont proposé ce mercredi soir une expérience musicale très puissante, pas toujours très accessible, mais impressionnante de technicité et d’expressivité.

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Crédit photo : Olivier Lestoquoit

Un simple rai de lumière, quelques notes étouffées. Laurent Blondiau nous accueille au son d’une marche qui s’étoffe progressivement de sonorités presques tribales et soutenues par les percussions. Arrive ensuite Gábor Gadó, guitare à la main. Le spectacle peut commencer.

Impossible de rester de marbre devant le toucher de Gábor Gadó, devant la frénésie à la limite de la transe extatique du jeune batteur Samuel Ber, ou encore l’énergie communicative du contrebassiste Sébastien Boisseau…
Le spectacle est cru, mélodieux ET intelligemment dissonant. Laurent Blondiau pousse la trompette jusqu’au bout de ses limites et arrache chaque note possible et imaginable, allant jusqu’à la faire cracher, crier. La guitare de Gábor Gadó exprime tant d’émotions différentes et, loin d’être un simple complément de la trompette, elle la rejoint et lui répond.

Et c’est sûrement une facette importante de ce concert. Les musiciens, à défaut de communiquer énormément avec le public, ont l’air de se dire mille mots avec quelque regards, et avec leurs instruments. Ceux-ci se répondent et s’emmêlent joyeusement dans ce chaos libre et à l’air pourtant si maîtrisé.

L’expérience proposée est complexe. Sûrement trop pour le néophyte. Mais elle reste très intéressante même pour lui. Elle nécessite un effort de concentration de sa part, et force à faire preuve d’ouverture, sans pour autant laisser de côté l’aspect émotionnel du concert. La performance musicale des musiciens était complète, et si elle pouvait être difficile à appréhender, elle n’en reste pas moins enrichissante, et participe de ces concerts qu’on doit avoir vu au moins une fois dans sa vie.

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Crédit photo : Olivier Lestoquoit

En guise de conclusion, Laurent Blondiau profite jusqu’au bout de sa carte blanche pour inviter sur scène le groupe Kojo, composé de chanteurs, percussionnistes et danseurs béninois. Les genres se marient très bien, les percussions tiennent en haleine jusqu’à la dernière note…
Le concert finit dans une apothéose explosive qui n’en finit plus de déboussoler le spectateur. Pari amplement réussi pour Laurent Blondiau, Gábor Gadó, Kojo et tous leurs musiciens!

Article : Romain CHARLES

Remerciements à Olivier Lestoquoit pour les photos.
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