C’est dans la salle charmante de l’Espace Senghor qu’Urbex a donné ce vendredi 25 janvier son premier concert de l’année, et ce en compagnie de Magic Malik, flûtiste et invité sur plusieurs titres du deuxième album du groupe, Sketches of Nowhere. Naviguant entre une ambiance chargée due à un style musical électrique très intense, et la bonhomie d’un Antoine Pierre qui dégageait une énergie et une gaieté terriblement contagieuses, Urbex prouve encore une fois que le Jazz belge a de très beaux jours devant lui.
Comment expliquer ce que l’on a du mal à comprendre? Comment arriver à simplement se laisser porter par le jazz d’Urbex, quand notre cerveau tente désespérément de se raccrocher à ce qu’il connaît? Perdu entre ressenti pur et tentative d’intellectualisation du déferlement de son d’Urbex, nous sommes sortis un peu confus de leur concert. Confus, mais tout à fait conquis!

© Olivier Lestoquoit, 2019. All rights reserved.
Urbex est avant tout le projet d’un batteur. Cela se ressent dans la composition et la structure des morceaux. Félix Zurstrassen, à la basse électrique, accompagne Antoine Pierre dans ses envolées et maintient un groove solide avec des lignes de basses hypnotiques. Antoine Pierre est magistral, frénétique et assure derrière sa batterie. Sa maîtrise des dynamiques est déconcertante. Le batteur passe d’un registre à l’autre en installant des ambiances tantôt propice à la plénitude tantôt à l’exaltation. Au centre de la scène, Antoine Pierre fait figure de véritable chef orchestre. Il mène (à la baguette!) l’exploration sonore et permet à chacun de ses musiciens d’exprimer leur virtuosité. Le jeune Bram De Looze au piano, d’abord en retrait, amène des textures intéressantes soulignant la qualité des compositions d’Antoine Pierre. Magic Malik enfin, était tout simplement époustouflant. Flûtiste mais également chanteur de scat hors pair, il a rivalisé avec son collègue Jean-Paul Estiévenart (à la trompette) pour proposer des solos frénétiques. Chacun des musiciens montés hier sur la scène du Senghor a montré un talent impressionnant (mention spéciale au guitariste Bert Cools, à ses effets de guitare et à sa maîtrise de l’ADSL ou du doublage de R2D2).
Urbex prend maintenant tout son sens. Lancé en 2014, le groupe permet à Antoine Pierre d’expérimenter, de partir à la découverte de nouvelles sonorités. Véritable terrain de jeu, ce projet d’exploration témoigne de l’évolution du batteur devenu compositeur. Après un premier opus plutôt convenu, Antoine Pierre propose ici une nouvelle ambiance plus électrique, hypnotique et groovy qui a su convaincre le public du Senghor. On se languit déjà de connaître la suite de cette expédition. Il se murmure qu’un hommage à la période électrique de Miles Davis serait en préparation pour un concert en Janvier 2020. Le rendez-vous est pris !

© Olivier Lestoquoit, 2019. All rights reserved.
Article : Romain Charles et Renaud Verstraete
Photos : Olivier Lestoquoit