La night Fever dansante de Balthazar

On l’attendait depuis longtemps, ce vendredi 25 janvier est sorti le quatrième album du groupe belge Balthazar. Après une pause de 3 ans pendant laquelle les frontmen Maarten Devoldere et Jinte Deprez se sont attelés à développer leur projet solo respectif (Warhaus et J. Bernardt), le groupe revient pour proposer un opus dansant et élégant, avec un changement musical loin d’être radical mais néanmoins convaincant.

En une décennie, les membres de Balthazar sont devenus des éléments incontournables de la scène musicale belge. 3 albums auréolés de succès, des premières parties pour dEUS en 2011 et Editors en 2012, de nombreux prix, des génériques pour la série « La Trève » … On attendait donc impatiemment leur retour dans le plat pays. Retour qui se fera néanmoins sans Patricia Vanneste, violoniste pour Balthazar depuis 2004 qui a décidé de quitter le navire en avril laissant Maarten et Jinte comme seuls membres d’origine. Ils sont alors rejoints en novembre par Tijs Delbeke aka Nightman, qui a notamment collaboré avec dEUS.

Après les deux premiers opus, « Applause » et « Rats », qui les ont faits connaître du grand public, « Thin Walls » a fait office de confirmation du talent et de l’inventivité des Courtraisiens. Ce « Fever » sera-t-il alors l’album de la maturité ? Oui et non !

La basse, structure de la fièvre

Dès le Fever d’entrée, une basse lancinante rentre en jeu. Avec un son groove et funk tendant parfois vers des sonorités orientales (comme dans Wrong Faces), elle pose les bases de la fièvre dansante de ce nouvel opus. Car c’est un album qui s’écoute volontiers un soir de fête, de minuit jusqu’aux petites heures avec ses pics de tensions et ses pauses moites. Dans cet état d’esprit, Entertainment fait office de moment phare où chacun se retrouve sur la piste, chantant à tue tête au rythme du sifflement des chœurs.

Et finalement que serait une soirée sans ses amours contrariés et ses flirts. Car si ceux qui connaissent la mélancolie de Balthazar seront surpris de premier abord par cet album, ils pourront se retrouver dans certains morceaux comme Phone Number qui traite de comment mettre un terme en douceur à une relation. Dans une interview pour l’Echo, Jinte Deprez déclare qu’il n’y a pas moins de 4 chansons sur les ruptures. À 30 ans, ils n’en ont pas fini de traiter de mélancolie, d’amour et de ses déboires.

Album de la maturité ?

Si on considère la maturité musicale comme le fait de continuer à proposer du contenu de qualité, on peut alors affirmer que ce « Fever » est l’album de la maturité. Si l’on prend plutôt en compte l’âge de la maturité comme le moment où on l’on se stabilise, où l’on se pose, c’est alors beaucoup moins le cas. L’ambiance inhérente au style de Balthazar avec sa mélancolie et son inventivité est là, mais la routine est cassée. On retrouve des éléments de Warhaus (comme la trompette dans Grapefruit qui nous rappelle un peu celle de Against The Rich) et de J.Bernardt (comme dans Changes), mêlés à l’ancien Balthazar. Le violon est plus discret suite au départ de Patricia Vanneste, mais elle a néanmoins participé à leur enregistrement, comme un doux souvenir de Bunker flottant dans l’air. Cette pause était nécessaire pour évoluer, rompre une routine et garder ce que Balthazar fait de mieux dans sa musique, et c’est pas plus mal.


L’avis de Romain
Quand on voit côte à côte les fortes personnalités que sont Warhaus et J. Bernardt, il paraît évident que leur collaboration artistique doit être mouvementée. S’ils avaient besoin de rompre avec le cycle d’enregistrement/promotion/tournée, il est si agréable de les voir réunis à nouveau, forts de leurs quelques années d’expérimentations solo. Maarten Devoldere, dandy mélancolique devant l’éternel, apporte avec lui tout le travail qu’il a accompli sur sa voix, ainsi que sa maîtrise des ambiances douce-amères. Jinte Deprez, lui, injecte dans ce nouvel album des beats et synthés hip-hop hérités de son album Running Days, mais surtout une dynamique qui bouscule certains carcans auxquels Balthazar nous avait habitués (sans néanmoins faire l’impasse sur tout ce qui a fait leur charme). Si les deux artistes savent se laisser de l’espace le long de l’album, les influences fusionnent aussi à merveille. A ce titre, Fever est une réussite indéniable.


Ils entament une tournée dès février qui débutera par l’Angleterre, terrain d’expérimentation et de perfectionnement en vue de leur seule date belge (annoncée jusqu’ici) à la Lotto Arena, le 8 mars.

Article : Arno Goies